lundi 11 mai 2009

la fidèlité

La fidélité, telle qu’elle est entendue le plus couramment est par essence une vertu, qui dans le schéma ordinaire de l’attitude naturelle, s’oppose à un vice, l’infidélité. La vertu est une disposition acquise, une habitude à vouloir maintenir sa conduite dans la direction du bien. Le vice est une mauvaise habitude contraire. Une vertu se cultive, suppose donc une volonté continue. En ce sens la vertu se distingue de la passion qui elle dépend surtout d’une force de la Nature plus que d’une disposition volontaire. La fidélité est une vertu et non pas une passion.  Elle suppose une volonté personnelle et surtout, une constance dans la volonté personnelle. « La fidélité est vertu de mémoire et la mémoire elle-même comme vertu ». L’infidèle manque de constance dans la mémoire. La fidélité est aussi perçue comme un engagement sérieux, ce qui suppose une mémoire maintenue ou un serment que l’on n’oublie pas. Ainsi, la promesse tenue suppose la fidélité qui la maintient, quelques soient les circonstances et la durée.

     Concrètement, nous parlons de fidélité pour désigner la constance de la relation d’attachement. Dans un monde laxiste comme le nôtre, la fidélité n’a pas très bonne presse . Pourquoi ? Parce que nous craignons un engagement que nous ne saurons pas tenir. Eviter l’engagement, c’est éviter de s’engager à l’égard d’un autre, c’est éviter la fidélité à l’autre et par avance autoriser l’infidélité. Le flottement des relations aujourd’hui fait que nous avons une attitude très ambivalente. Nous admirons celui qui est capable de rester fidèle, car il manifeste une constance qui nous manque. Nous tournons aussi en dérision la fidélité comme valeur passéiste, relent de morale chrétienne, tabou qui ne devrait pas résister à la révolution sexuelle. Nous sommes très versatiles et nous avons fini par penser que l’infidélité, du vice peut aujourd’hui devenir vertu : « il faut multiplier les expériences ».

     Dans notre monde actuel, à quoi sommes-nous fidèle ? On reste fidèle à des souvenirs communs et pas à la personne. Pourtant, être fidèle à ses amis, c’est être fidèle.  La fidélité suppose un contrat, une relation morale conclue et qui doit être suivie. Ce contrat à son tour suppose la parole donnée, une parole qui engage et que l’on ne doit pas rompre, sous peine de devenir infidèle à la parole donnée. Je tiens ma parole par fidélité. La fidélité suppose un sujet moral,Une personne constante dans ses engagements. Cela explique pourquoi, dès que l’on aborde la fidélité, c’est avec une appréciation morale et dès que nous rencontrons l’infidélité, c’est avec le sens de la faute. L’infidèle peut-être hypocrite et menteur, il peut-être versatile, frivole, perfide et inconstant. Et si le reproche est là dans ces mots, c’est parce que nous pensons que c’est une question de devoir-être, pas une question de fait, sur le plan de l’être. Le problème, c’est que la fidélité se situe dans le temps et que le temps est impossible à maîtriser. Le temps est par nature déstabilisant. Est-ce à dire que c’est le temps qui interdit la fidélité ? Est-ce le temps qui nous empêche de conserver une fidélité par rapport à nous-même ? Le temps est-il par nature destructeur des sentiments?

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